Dans le monde du covoiturage, les vidéos de Cocovoit font sensation sur YouTube. Elles croquent des situations hilarantes lors de covoiturages improbables, comme un amateur de viande, un végétarien et un végétalien à bord d’une même voiture, ou un passager faisant route avec un conducteur naturiste. Des saynètes qui ont fait des millions de vues et qui reflètent l’engouement pour le covoiturage longue distance en France.
Cependant, le covoiturage pour les trajets domicile-travail peine à décoller. Les conducteurs ne sont pas très flexibles pour des déplacements du quotidien, préférant les longs trajets qui prennent quelques heures. En conséquence, le covoiturage courte distance a généré seulement 5,2 millions de trajets l’année dernière, soit à peine plus que le trafic du métro parisien en une journée.
Pour stimuler cette pratique, le gouvernement a mis en place un plan ambitieux offrant une prime de 100 euros aux conducteurs qui s’inscrivent sur une plateforme et réalisent dix trajets en moins de trois mois. En plus, les collectivités locales bénéficient d’un soutien financier de l’État pour promouvoir le partage des trajets domicile-travail.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les plateformes de covoiturage court trajet ont enregistré une envolée des trajets. Julien Honnart, président de Klaxit, rapporte que près de 500 000 trajets ont été enregistrés en janvier, contre moins de 100 000 l’année précédente. BlaBlaCar Daily voit le nombre de ses conducteurs actifs doubler, passant de près de 10 000 en décembre à près de 20 000 en janvier. Les inscriptions sur la plateforme ont été multipliées par deux et demie.
Certes, d’autres facteurs ont également contribué à cette hausse, tels que l’envolée des prix du carburant et les grèves dans les transports en commun, incitant les Français à essayer le covoiturage court trajet. Néanmoins, les primes gouvernementales ont joué un rôle essentiel dans cette accélération.
Ces plateformes de covoiturage court trajet ont un modèle économique différent de celles spécialisées dans le covoiturage longue distance. Plutôt que de percevoir une commission auprès des passagers, elles sont rémunérées par des collectivités locales ou des entreprises qui encouragent cette pratique pour les trajets du quotidien.
Fortes de ce succès, les plateformes de covoiturage court trajet sont optimistes quant à l’avenir. Elles s’attendent à attirer davantage de conducteurs grâce à la prime gouvernementale de 100 euros et à multiplier les partenariats pour inciter plus de passagers à utiliser ce service. Klaxit vise un doublement de son chiffre d’affaires en 2023, tandis que Karos, qui compte tripler ses ventes, vise la rentabilité pour cette année.
Certaines plateformes n’hésitent pas à aller plus loin et tentent déjà de s’internationaliser. Karos est déjà actif au Danemark depuis juin 2021 et en Allemagne, où ils ont racheté un acteur local, goFlux. BlaBlaCar, bien implanté en Espagne pour le covoiturage longue distance, envisage même de lancer son service court trajet à moyen terme.
La prime gouvernementale de 100 euros a donc eu un impact significatif sur le développement du covoiturage court trajet en France. Avec des plateformes en plein essor et de plus en plus de conducteurs et de passagers séduits par cette formule, le covoiturage pour les trajets domicile-travail pourrait bien devenir une pratique courante dans un avenir proche.
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